Je suis atteinte d’une pathologie rare et dégénérative qui me paralyse petit à petit et d’ici peu me conduira dans un fauteuil roulant puis vers une dépendance totale, le tout dans des
douleurs généralisées et
intenses.
Elles sont actuellement tout juste gérées ce qui me permet notamment de sortir de mon lit le matin, de me
déplacer et de faire les choses usuelles de la
vie courante…
J’ai eu connaissance de ma pathologie il y a environ cinq ans.
Les premiers signes ont été
précoces mais ceci je n’ai pu le constater qu’une fois un
diagnostic posé… (ce qui est un autre sujet tout aussi important que celui dont je souhaite vous entretenir !).
Face à cet avenir, beaucoup de
tourment et de questionnement ont fait leur apparition.
Des
questions de
Vie, de
Mort, de
Sens, de rapport à l’
Autre, de
Philosophie et d’
Ethique…
J’ai pris le temps d’
analyser tous ces bouleversements et de me forger mon
opinion, qui s’avère
en fait être identique à celle que je soutenais lors de ma
formation d’
infirmière !
Je suis pour l’euthanasie (ou le suicide assisté)…car il y a selon moi (et je pense que beaucoup de personnes se trouvant dans un cas similaire) une
étape où la vie n’est plus la Vie mais une
agonie irréversible et que le maintient de cet état n’a
aucun sens moral.
C’est une conception de la Dignité et du Droit de chaque être à disposer de sa vie et par la même de sa mort !
Suite à ces conclusions j’ai cherché une façon légale et sans souffrances (ajoutées) de « partir » dans cette dignité que je souhaite pour moi mais aussi pour mon entourage.
Il s’est avéré qu’
en France rien n’est possible de façon officielle et légale… comme l’a montré la dernière affaire en date, cette femme à la face déformée et souffrant de mille
tortures.
Nos
politiciens ont opposé à sa demande de « mourir dans la dignité » des textes de
loi qui prônent
la vie à tout prix… en sous-entendant qu’elle n’avait pas eu recours à tout ce qui était déjà possible et imaginable pour son cas…
mais il faut arrêter de croire que la médecine peut tout !
Comme elle l’a démontré, il y a des souffrances que l’on ne peut pas soulager à l’heure actuelle…
Et qu’est ce que ce texte de
loi qui
autorise l’arrêt de « l’
acharnement thérapeutique » !
Cette personne n’était pas dépendante de machines maintenant artificiellement la vie !
Et même
cette loi est un abus moral car ce qu’il se passe en réalité derrière cette façade n’est que purement
économique ! Ne nous leurrons pas ! …
Le fonctionnement de ces machines à un prix !!!
Et les
Hôpitaux, le
Ministère de la Santé et le
Gouvernement courent après les
économies !
Il semblerait que notre
culture judéo-chrétienne les
empêche de valider l’idée d’une loi autorisant l’euthanasie… ils y opposent les risques de débordements d’une telle option !
Mais regardons alentours… beaucoup de pays l’autorisent et
aucun abus n’y est recensé !
Cet argument n’a donc
aucun fondement.
Bref,
rien n’est envisagé en
France pour ce type de demande…
Donc en ce qui me concerne, je me suis orientée vers la
Suisse qui se trouve au plus prés de mon lieu d’habitation…
L’association « Dignitas, le droit à mourir dans la dignité » m’a envoyé toute la documentation concernant son activité. Dans leur courrier j’ai pu trouver des
témoignages de personnes s’étant engagées dans cette démarche de « suicide assisté », des
témoignages de proches ayant accompagné leur ami, leur femme, leur mari, leur parent, leur enfant dans ses dernières volontés. Tous parlent de
soulagement avec certes beaucoup d’
émotion, mais de
soulagement malgré tout ! Dans ces documents se trouvaient aussi les démarches et le cadre dans lequel était effectuée cette euthanasie.
L’ensemble est d’une
humanité et d’une délicatesse rassurante : accompagnement médical, prise en charge par un personnel avisé,
cocktail létal approprié afin de « s’endormir » pour l’éternité et
sans souffrance et un proche afin d’accompagner ce dernier moment et d’affirmer si besoin du choix de la personne concernée et du déroulement de l’opération.
Le préalable à toute cette finalité est
jonchée d’étapes à suivre afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur l’ultime décision. Il faut
justifier de sa
pathologie ainsi que de sa
démarche intellectuelle,
philosophique et
éthique.
Tout ceci a bien entendu un coût ! Et je n’en ai entendu parler à aucun moment sur les
médias (radios, télévisions, presses écrites et net).
Seul a été posé le problème légal et déontologique d’une telle démarche !
Or, pour parler de mon cas (et j’imagine là encore qu’un grand nombre de personnes se trouvent dans le même contexte!),
je ne peux faire face à la somme requise pour ce choix légitime de mourir dans la dignité (à l’étranger !)…
Le coût de la prise en charge totale, c’est à dire du transport aller jusqu’au rapatriement, s‘élève à 6.000 euros… Certes, je vous dirais que ça les vaut bien mais encore faut-il pouvoir les trouver !
Dans toute sa bonté, cette
association a envisagé ce problème et permet de proposer une somme moindre pour les mêmes « soins »… mais même avec cela, lorsque l’on dispose, comme moi, que de l’A.A.H. (
allocation adulte handicapé) comme seule source de revenu, soit
620 euros mensuels, on ne peut prétendre mettre de l’argent de côté !
Il y a parfois la
famille qui peut aider mais encore faut-il pouvoir demander, ce qui me parait délicat pour des personnes ayant ce type de conception sur la dignité humaine… Et encore faut-il que la
famille puisse
assumer, au-delà du coté
financier, cette démarche de
fin de vie !!!
Ce courrier était surtout destiné à mettre en évidence cette
problématique financière toute
aussi importante que la dimension morale de cette démarche et de ce choix.
Je souhaite aussi préciser qu’une demande de référendum national me parait indispensable au vu de l’actualité récente.
Je suis une jeune trentenaire qui souhaite avoir la liberté de pouvoir évaluer
ses besoins et sa fin.