Je pense à vous, mais le temps
manque en vacances, comme vous le savez. Je suis
très occupée
à découvrir, à visiter, à profiter.
Quoi qu’il en soit, l'Afrique est égale à elle-même…
et l’arrivée
sans encombre à l’aéroport de Douala a été moite et épique, mais enthousiaste.
Par
rapport à la Bretagne, le dépaysement est radical.
Après
quelques longueurs dans l’eau très tiède de la
piscine de la concession Bali, en plein centre
de Douala, nous avons tâté de la pizzeria libanaise.
Re-re-piscine, puis nous avons investi
le Broadway,
cabaret night-club où nous avons pu applaudir
de talentueux artistes camerounais.
Au Centre
Culturel Français, nous avons assisté
à un spectacle étonnant d'un groupe de world music du Tchad.
Ah ! J’allais oublier de vous parler des
margouillats, ces placides lézards – vifs et très
curieux –
aux écailles en camaïeux de gris excepté
une large zone aux pigments corail-vermillon.
Près de la piscine, sous le cocotier, ces autochtones
m’observent en faisant des pompes et
– attention
–s’élancent, filant entre les pieds ! Ils sont
vraiment trop mignons… Après la natation, attention
de ne pas chuter en glissant malencontreusement
sur une juteuse et huileuse noix
de palme, rouge-brun-or
lorsqu’elle est bien mûre et, par conséquent,
tombée à terre, gisant dans l’herbe large et dure
appelée pelouse, méticuleusement rasée à la machette par les jardiniers ainsi que les haies de fins
bambous verts poussiéreux.
Les
vacances scolaires enfin démarrées, quittant la
sorte de ghetto de luxe de la concession
et sa
piscine de mosaïque bleue, nous quittons Douala et sa vie bouillonnante pour séjourner
dans un
fantastique endroit de l'Ouest, en pays
Bamoun, au-delà de Foumbot
– célèbre pour ses cultures maraîchères de haricots
verts.
Tout au long de la route, attention aux fondrières,
aux nids de poules, aux troupeaux de zébus.
Tout
au long de la route, contrôles de police, contrôles
de douanes, contrôles de la prévention routière
: on ne sait plus si c’est rassurant ou inquiétant !
Et n’oublions pas les péages et leur kyrielle
de petits vendeurs en tous genre : ananas,
poisson fumé, noix de coco, eau glacée, noix
de
cola, bâton de manioc, papaye, cacahuètes, etc.
Nous
avons séjourné, dis-je, dans un domaine très « classe »
(un énorme caprice de milliardaires) :
un golf qui se veut être
aux normes des compétitions internationales !
Essayez donc de faire pousser des hectares de
gazon anglais dans un tel pays ! Heureusement,
l’eau est pompée directement dans le lac pour
l’arrosage automatique, mais tout de même, le
groupe électrogène tourne en permanence et consomme
un maximum. C’est angoissant !
De plus, il
y a intérêt à rapporter des tonnes de terreau
spécial, sinon le gazon anglais ne voudra jamais
pousser ! Le domaine possède également club-house, bungalows,
bougainvillées, roseraies, etc... au bord d'un
lac d'altitude (station climatique et sportive).
Tout cela est ahurissant !
Mais cela ne nous
a pas empêché d’apprécier les menus – dignes d’un
hôtel 4 étoiles – et le cadre paradisiaque à leur
juste valeur. Nous avons nagé dans le lac (un
des rares endroits où l’eau reste très très fraîche mis à part l'eau du réfrigérateur !).
Nous avons visité les alentours du lac dans un
Toyota 4x4 avec Félix, le chauffeur mis aimablement
à notre disposition par le propriétaire qui a
fait fortune dans le savon et les cosmétiques.
Après avoir circulé sur la piste plus que rustique
qui fait le tour du lac, nous sommes montés
(toujours en 4 x 4) au sommet du volcan d’où la
vue sur le lac de cratère est imprenable
et vertigineuse.
D’après Félix, le lac de cratère est le maître
du lac ! (En clair, il y a le lac supérieur
et le lac inférieur).
Puis nous avons poussé jusqu’au village
des Bororos où j’ai eu la déconvenue
d’apprendre que
je ne pourrais rencontrer la célèbre
guérisseuse indigène Mme Titi, pour cause de maladie
et d’hospitalisation. La pauvre ! Comme quoi
le cordonnier est toujours le plus mal chaussé !
Au
domaine, le "truc drôle" c'était le
"pédalo électrique" pour naviguer paisiblement
sur le lac : sorte de grande caisse en bois surmontée
d'un dais en bois, posée sur un assemblage de
bidons
en plastiques de récupération, le tout
doucement propulsé par un petit moteur électrique
5 vitesses, l'ensemble peint en "green"
(vert jardin). C'était très paresseux mais très
sympathique de pouvoir sillonner le lac et longer
les berges en admirant le volcan, les brûlis,
les collines, le golf dénudé,
le club-house, la
brousse et les étendues de nénuphars roses pales
veinés de mauve clair...
tandis que de courageux
pêcheurs des villages voisins patientaient – assis
dans l’eau sur des radeaux de bambous – des heures
pour attraper quelques carpes rouges d’eau douce
et assurer le ravitaillement du soir.
Nous
passons donc d'un extrême à l'autre : d'un complexe
pour milliardaires – 120 hectares pour 40 jardiniers – à la plus extrême pauvreté de certains villages
couverts – en bordure de piste – d’une épaisse
couche de latérite, cette terre rougeâtre et glissante,
même sèche (j’en ai personnellement fait l’expérience).
Les bidonvilles de Douala abritent tant bien que
mal tous ceux qui sont venus tenter leur chance « en ville ». Les belles villas avec
piscine des européens privilégiés (comme nous)
abritent
les directeurs, les ingénieurs, les professeurs,
etc.…, leurs enfants, leur cuisinière, leur
ménagère, leur jardinier, leur boy, et aussi les
gens (comme moi) venus en vacances pour visiter
la famille (parce que sinon le Cameroun n’est
pas franchement touristique). Tout me semble étrange,
tout
a l’attrait de la nouveauté. Mes yeux observent
furtivement toutes les scènes. Le spectacle est
permanent.
Kribi, charmante station balnéaire
bordée de kilomètres de plages exotiques, nous
attend
à partir de dimanche pour quelques jours.
Mais dimanche dernier, nous nous baignions sur
la plage de sable noir de Limbé – au pied
du mont Cameroun –
volcan toujours embrumé et quasi invisible, dont
une impressionnante coulée de lave a récemment
submergé une portion de la route principale, après
Limbé. Le sable noir
est peu ragoûtant et pourtant,
il est si fin qu’il est d’une douceur extrême :
on croirait marcher dans de la poudre de soie.
Le sable et les micro-particules de lave en suspension
dans les rouleaux poncent la peau qui s’adoucit,
sorte de peeling gratuit offert par la mer !
Je souris en me regardant : ici, les occidentaux,
même bronzés, paraissent plus blancs que blancs.
Quel contraste avec leurs pieds tout noirs !
Leurs enfants jouent dans le sable, involontairement
déguisés en petits ramoneurs savoyards, tout barbouillés
de noir – noir cendre, noir sale !
Mais j’ai
vite appris à l’aimer ce délicieux sable noir lavé par cette mer chaude. Si chaude que
l’on
a froid quand on en sort, surtout si la pluie s’est subitement mise à tomber, ce qui arrive
fréquemment en février. Les habitants disent « les
petites pluies des mangues », car c’est
la
saison des petites pluies et aussi la saison des
mangues – ces fruits si succulents au gros noyau
oblong.
Quelques
petites aventures donnent un peu de piquant supplémentaire
à nos tribulations. Souvenir mémorable, que ce jour
où nous sommes allés à la pêche, au large, avec
le zodiaque. À ma grande surprise, j’ai attrapé
mon premier barracuda, le premier
et le dernier... Un pauvre petit de 700 g environ
qui n’a pas eu de chance, dès le matin. J’ai eu
peur en le voyant sortir de l’eau tout frétillant,
j’ai crié et je lui ai demandé pourquoi il avait
de si grandes dents pointues puisque c’est nous,
les requins, qui allions le manger. Je me suis souvenue
que, dans le temps, j’étais végétalienne !
Le temps passe !
Bref,
tout va bien (à part les moustiques). Grâce à ma
sœur Marie-Pierre, mon beau-frère Daniel et les
enfants – enfin, les jeunes – Jonathan, Gwenole et Enora, je passe un séjour diversifié, dynamique
et passionnant. Je prends beaucoup de notes sur
mon calepin marron pour ne rien oublier ! Lorsque
j’écris, les africains (les noirs) et les européens (les blancs) me regardent :
ils me prennent
pour une journaliste ou pour un écrivain !
Ça c’est vraiment très drôle ! J'ai pris aussi
des photos, bien sûr, mais pas trop car les Camerounais sont peu enclins à se laisser photographier excepté
lorsqu’on les connaît déjà ou lorsque c’est bon
pour leur commerce.
Je
vous laisse pour aujourd’hui, c’est l’heure de la
sieste. Et puis, je ne peux pas tout vous raconter !!!
Vous lirez peut-être la suite et les détails dans
un bouquin – un récit de voyage.
Un jour… Qui sait ?
Si Dieu veut, comme disent les Martiniquais !
En attendant, bien le bonjour
de la part de toute
la famille.
Je
pense bien à vous sous vos différents climats.
Kenavo. Da gallon -
Bye bye. Peace and love -
Au-revoir.
A bientôt.