|
|
Littérature |
|
|
|
PEUT-ON
TOUT DIRE
EN POÉSIE ? |
|
d'après "La Poésie Française",
Larousse |
|
|
|
|
Pourquoi
écrit-on tant de poésies quand si peu sont
lues ?
Nous avons tous, un jour où l’autre,
commis une poésie qui a traîné longtemps
au fond d’un tiroir.
Mais quelle est la définition du dictionnaire
?
Poésie : art de combiner les sonorités,
les rythmes, les mots d’une langue pour évoquer
les images, suggérer des sensations, des émotions.
La poésie dans tous les cas de figure, offre des
moments forts, elle constitue des points d’ancrage
sur l’échelle du temps.
Mais quel est le rôle du poète et quelle
est la place qu’il occupe ?
Qu’a-t-il à offrir ?
Quel sera le retentissement qu’il aura dans la société
de son temps ?
Quand de tous les arts majeurs la poésie est le
plus ignoré ?
Où se situe son niveau dans
notre société ? Cette langue des Dieux selon
Musset.
Le verbe d’ordre prioritaire est, à mon sens,
de ne pas ennuyer le lecteur mais alors, le poète
doit-il se limiter, dès lors que la poésie
est l’expression de la plus grande liberté,
celle qui régit la vérité, celle
d’employer un autre langage - mais accessible –
que celui du quotidien, pour agir quand les mots ordinaires
ne conviennent plus
et quand le poète va chercher,
au plus profond de lui, autre chose.
Pourquoi la poésie est-elle vérité
? Et bien tout simplement parce qu’elle est dénuée
de toute retenue et cette vérité là
fait peur, car le poète, témoin de son temps,
va toujours jusqu’au bout de sa pensée, il
oscille entre « l’ivresse » et le rêve.
Peut-on tout dire en poésie quand certains poèmes
sont libertins, extatiques, d’autres cauchemardesques, voire étranges ? Le poète est un «
décalé » ou un « dédoublé
», il a donc ses circonstances atténuantes,
ce qui revient à dire que sur ces fondements, on
peut tout dire en poésie ! Mais il faut
commencer par en finir avec le mythe du poète
malheureux. Tous les poètes ne se droguent pas
comme Mallarmé, ne boivent pas comme Beaudelaire
ou ne mènent pas une vie dissolue comme Rimbaud.
Il faut donc mettre des formes à cette expression
que tout le monde n’est pas prêt à
entendre ! Et c’est là que la poésie
devient d’une part ludique mais qu’elle s’engage
ou engage le poète qui la sert, quand lui-même
déverse ses sentiments personnels. La poésie
est soumise, inévitablement, à la sélection
dans ses divers genres :
- lyrique
- dramatique
- épique (qui a aussi une forme de lyrisme)
- satirique
- ou tout simplement narrative avec le mélange
des sens
- sans oublier certaines chansons.
Peut-on tout dire en poésie quand intervient la
voix qui l’interprétera, le risque pris par
la parole lui donnera-t-elle un sens plus profond ou la
desservira-t-elle ? Il faut aussi se poser cette
question car le verbe DIRE prend là aussi toute
sa dimension, le dire sur le papier peut-il être
le même dire que celui de la parole ?
Dans tous les cas, la poésie fait naître
obligatoirement des désaccords, mais ce risque
là n’est-il pas préférable
au silence ?
Je vous laisse méditer sur cette question
cruciale !
Peut on tout dire en poésie, oui si c’est
de la poésie, c'est-à-dire qu’elle
ne doit pas être dénaturée, qu’elle
ne doit pas être une expression « fourre-tout
», qu’elle ne doit pas être galvaudée
par des auteurs qui se masquent derrière elle,
l’utilisant pour des expressions vulgaires et dépourvues
de sens. La poésie est un art majeur et comme tout
art on doit y trouver le beau, le vrai. On peut tout dire
en poésie quand ses sens sont esthétiques
et vrais, car le poète a une mission, celle de
vouloir exprimer clairement un mystère profond
qui n’est pas égoïste, au contraire,
son seul but est de partager ses émotions.
Vecteur du message de vie, la poésie ouvre donc
toutes les portes. Mais tous les poètes ne sont
pas prêts d’ouvrir certaines portes
de cette liberté d’expression et se limitent
volontairement, parce qu’il
y a des interdictions,
notamment quand elle est déstabilisatrice du confort
moral (quand bien même la beauté du mot et
du genre n’est pas menacée) car, à
ce moment-là, elle dispose de toute la charge explosive
que contiennent les mots.
Déjà, il y a 120 ans, lorsque la poésie
en prose est née, tout le monde criait à
l’hérésie, pourtant on peut constater
qu’elle a donné de très belles œuvres.
Etre poète, c’est aussi un moyen de lutter
contre les maux de la société, d’ailleurs,
force est de constater la virulence avec laquelle les
intégrismes pourchassent les poètes, car
la poésie est susceptible de résister à
n’importe quelle dictature parce que précisément
on peut tout dire !
Poètes engagés, poètes révoltés,
la poésie est l’expression de l’âme,
de la conviction, de l’engagement. De tout temps,
les poètes furent glorieux ou bannis mais tous
jouèrent un rôle important dans l’évolution
du genre poétique, parfois au prix de querelles
incessantes car aucun ne laisse indifférent, si
j’en exclu les faussaires bien sûr !
On peut constater que certains poètes éloignés
dans le temps, restent, par bien des aspects, proches
de la sensibilité de notre époque, tandis
que d’autres pourraient se révéler
comme des précurseurs, des visionnaires…
Et comme nous sommes pour la plupart, des poètes
dans l’âme, et d’autres l’aimant,
ajoutons qu’il n’est pas nécessaire
d’être poète
pour apprécier
la poésie, car elle n’est rien d’autre
qu’une invitation au voyage dans l’univers
des sens, retenons une pensée optimiste
et sûrement
candide, mais qui fait du bien, celle de Charles Beaudelaire
que je cite :
« Tout homme bien portant peut se passer de manger
pendant deux jours, de poésie JAMAIS ! » |
|
|
|
|
|
|
|
Dernière
mise à jour
lundi 29.01.2018 11:22
|
|
|