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Site officiel de la poétesse
Silviane Le Menn
En langue bretonne "abadennoù" est le pluriel de "abadenn" qui signifie : affaire, partie (de jeu), séance, représentation (théâtrale), instant, moment.
 
 
 
 
 
 
 

 
 
Coralie, auto-portrait

 

 
 
 
 
 
Littérature
 
 
 
POMME DE PIN
 
Le fruit du pin est le fruit du pin
mais le fruit de la vie est la mort
 
 
Je vivais maintenant ― en dehors et en plus de ma propre vie ― avec elle, Coralie,
dans sa mort. Je visualisais la vie de la mort, cette mort qui est vie…


Essayer de comprendre la vie de l’après vie
… saisir toutes les rémanences, les réminiscences de l’impalpable, l’anti-vie d’où naît la vie… essayer de trouver les fils conducteurs, le fil d’Ariane permettant au vivant de se mouvoir sans se perdre dans les vastes territoires méconnus et inconnus de l’invisible, dans l’amplitude magistrale de la non-vie…
Cet éternel invisible vibrait de toutes les incompréhensions, de tous
les mystères.

Elle m’apparaissait, assez souvent, fantôme bleuté évanescent doté d’une insaisissable présence dont la densité était égale à la vie même.

Elle m’apparaissait et j’entendais ses paroles muettes, directement
au plus profond de mon cerveau ébahi de tant de paix, de sérénité
et d’espoir.

Décalquer la mort sur la vie, la vie sur la mort…
Fantôme bleuté évanescent
Découvrir les méandres des voyages occultes merveilleux de vibrations enthousiastes,
grâce à Elle ! Sonder l’insondable grâce aux palpitations douloureusement secrètes de l’esprit !
Compter une à une les apparitions de ma fée blonde

Voici que l’hiver allait pas à pas vers sa fin et je sentais à chacune de ses apparitions une force nouvelle m’emplir les veines, mes cellules toutes entières. De sa mort, elle suscitait ma vie

Je redécouvrais la nature oubliée jusqu’aux plantes grasses minuscules rampant sur
les forteresses de granit brut et moussu, aux abords de l’Aulne maritime, à Beg ar Vir…
Je découvrais une vie d’oiseaux sonores, de ciel changeant parfois inerte d’amertume pluvieuse, une vie d’eau gris argent aux courants discrets et puissants…

J’explorais les routes, en pleine nature, emplacement des anciens chemins creux qui permettaient la communication entre les lieux paisibles et isolés… J’admirais les cheveux
de la lune sombrer dans les reflets de la nuit encore ensorcelée de soleil couchant au sommet émoussé
et pelé du Menez Hom

Elle m’avait libéré du poids de la terre en me faisant regarder la nature ― la terre ― en sa beauté et m’ouvrait les yeux sur les fantastiques réalités de l’infinie force créatrice de l’univers. Tout cela, je le lui devais…

 
Pomme de pin
Que ferais-je de cette pomme de pin ramassée à la promenade, serrée entre mes doigts comme un vrai talisman ?

Peut-être étais-ce à ce moment que j’avais accepté pleinement sa mort, intimement...

Le fruit du pin est le fruit du pin, mais le fruit de la vie est la mort. C’était ainsi depuis l’aube des temps.

J’avais posé la pomme de pin dans sa chambre
― sur l’étagère près de la statuette africaine ― afin de me souvenir.
Sans doute, elle m’apparaîtrait encore et encore, jusqu’au jour où elle serait de nouveau vivante parmi nous ― habitants de la planète ― découvrant une fois encore la vie sur terre grâce aux yeux si bleus qui seraient les siens, à coup sûr. Chaque fois, je savourerais, alanguie,
ces moments de communion irréelle, joies uniques de fusion cosmique, qui me donnaient
la force, le courage, le droit de rire sans ressentir cette obsédante culpabilité de me savoir encore en vie moi-même ― alors qu’Elle n’était plus là pour rire haut, de tout et de rien, comme
un enfant heureux sait le faire, naturel et insouciant, plein de vie, profitant de la vie.

Elle m’apparaîtrait encore, longue et diaphane, grandie et si belle ! Elle me dirait encore :
« Ne t’inquiète pas ! regarde, Ils sont tous venus pour t’aider » !

Et je les voyais, en effet, chers esprits, chers disparus, chers êtres de lumière, doux nuages gazeux, tous si présents à mon propre esprit ! Esprits pourtant maintenus dans l’abstraction
la plus complète par l’atrophie du sixième sens de la majorité des êtres humains, sixième sens pourtant indispensable pour les capter, les percevoir, les voir, les entendre...

Quelle chance j’avais donc d’être medium, de posséder ce sixième sens actif !

Il était donc possible à mon cerveau de transformer la perception électrique des vibrations chargées d’émotions en visions suffisamment claires pour être précieuses et d’obtenir
la compréhension de ces informations psychiques.

Quelle chance aussi j’avais d’être dotée d’un cerveau capable d’intercepter les ondes les plus subtiles, d’entendre des voix inaudibles (comme Jeanne d’Arc ???...) et de décoder les messages cryptés.
 
Quelle richesse de pouvoir naviguer ― ainsi qu’un bateau découvreur de nouveaux mondes ― dans les sphères infinies,
dans les arches secrètes, dans l’infini de l’univers,
dans les mystères de la MORT et de la VIE  !
Mort
 
 
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Dernière mise à jour lundi 29.01.2018 16:53
 
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