Abadennou.fr
Auteurs d'ici et d'ailleurs

Site officiel de la poétesse
Silviane Le Menn
En langue bretonne "abadennoù" est le pluriel de "abadenn" qui signifie : affaire, partie (de jeu), séance, représentation (théâtrale), instant, moment.
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
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LES BÊTES
(CE N'EST RIEN)
 
 
Twingo 2009
Nuit sans lune en rase campagne. Seule. Je roule, pleins phares. Voiture presque aussi large que la route ! Une grosse masse grise à quatre pattes traverse. Pas assez vite. Elle passe sous la voiture. Choc. BOUM ! Peur. La bête est sûrement morte. Sûrement...

Pourquoi ne continuerais-je pas ma route, comme si de rien n’était ? Faire comme si de rien n’était, par peur… de la nuit, du silence,
du danger imaginaire, de la bête morte, du sang peut-être,
de l’ampleur des dégâts…La bête ? Ni un lapin, ni un chat,
ni un renard, ni un chien.
Blaireau mort

– Sans doute une martre, dit ma mère.

– Non, non, sûrement un blaireau, dit Alain, grand chasseur devant l’éternel !

En tout cas, morte, sûrement...

– Vu l’ampleur des dégâts, difficile de faire comme si de rien n’était, dit le garagiste, quel choc ! Le pare-choc avant droit est mort. Il y aura environ pour 100 € de réparations.
Zut ! flûte et zut ! zut, zut et rezut ! Pas d’assurance pour une collision avec une bête sauvage.
Je vais être de ma poche ! J’enrage, peste soit des bêtes sauvages qui ne respectent pas le code de la route !

 
Le lendemain

En plein jour, sur la route des plages. Seule. Je roule dans
le soleil pâle qui va se coucher dans une heure. Volant en rase-motte, une masse grise traverse la route et percute la droite
du capot de ma voiture. Surprise. Choc. BING ! Peur. Embardée. Mon capot va avoir une trace d’impact. Sûrement.
Je pense au garagiste ! Il faut bien qu’il gagne sa vie !

Soleil couchant
L’oiseau est mort. Sûrement...
Bof ! Ce n’est rien qu’un oiseau, un petit oiseau, un tout petit oiseau anonyme, un petit oiseau de rien du tout.

Pourquoi ne continuerais-je pas ma route, comme si de rien n’était ?
Faire comme si de rien n’était… pressée d’arriver à la mer pour
ne pas rater le superbe coucher de soleil !


– C’était quoi, comme oiseau ?
– Je ne sais pas... un oiseau ! Je ne connais pas tous les noms d’oiseaux. Je n’ai pas étudié
les oiseaux. Et puis, elle est tombée si vite, cette boule de plumes, je n’ai pas eu le temps de voir les détails anatomiques. BOF ! Ça ne fait rien, un oiseau c’est un oiseau ! ce n’était rien qu’un banal petit oiseau grissuicidaire, un kamikaze !
Le pire, c’est la facture du garagiste, la note va être salée !
 
Le lendemain
Dinéault, église

DINÉAULT
Nuit sur la route qui mène au bourg.
Presque minuit. Seule.
Je roule pleins phares. Vive allure dans la descente, juste avant
le très moderne demi-rond point anglais à la mode et le très traditionnel calvaire en granit. Flash. Surprise !

Quoi ? un sac en plastique blanc au milieu de la route.
Vite. Je ralentis. Je freine.

— Don Diègue, ôtes-moi d’un doute ! Et si ce n’était pas un sac de plastique blanc, tout mou, gonflé d’air ? Et si ce truc au milieu de la route était quelque chose de dur ? Si c'est le cas, ma voiture
va encore être abîmée. J’espère que non... aïe... j’ai des doutes...

Trop tard pour freiner à mort. Tant pis ! Sûrement ce n’est rien. Choc. BOUM. Peur. Rien ?
J’ai juste eu le temps d’apercevoir un gros paquet de fourrure blanche avec des yeux stupides,
un peu jaunes, qui me regardaient fixement. Faible lueur de deux yeux ronds enchâssés dans
une tête plutôt ronde surmontée de deux petits triangles pointus. Une tête blanche et beige.

— En un éclair, tu as eu le temps de capter cette image ?
— Oui, comme un flash. Tu te rends compte ? Comme s’il n’y avait
pas d’autre endroit que le plein milieu du côté droit du C.D. 60 pour s’allonger à la minuit. Tu parles d’un confortable canapé pour cette boule de poils !

Le chat est mort sur le coup ?
Sûrement. Mort, le chat, sûrement… Teinté de rouge, presque sûr.

Tant pis ! Comme si de rien n’était, je roule, pressée d’aller dormir
au chaud sous ma couette remplie de duvet d’oie 100 % d’origine naturelle.
Peut-être que c’était une chatte ? Elle était à qui cette bête ? Peut-être à une vieille dame solitaire ou malade qui va être triste ?
Je ne sais pas. Je n’en sais rien.

Chat blanc

Sûrement du sang sur la route, du sang de chat écrasé, de chat crevé ! Bof ! Ce n’est rien,
la pluie va laver. Quelqu’un va ramasser le chat mort, le mettre dans un sac poubelle en plastique noir, le jeter dans un profond conteneur en plastique gris en compagnie des ordures ménagères enfermées dans des sacs en plastiques bleus.

Bof ! Ce n’est rien, ce n’est qu’un chat, ça fera un de moins à courir par là.

Il y a beaucoup trop de chats. Les gens sont fêlés avec leurs félidés, " gaga" avec
leurs canidés, ces bestioles coûtent cher et polluent de plus en plus notre environnement
avec leurs "cacas" pléthoriques remplis de bactéries, virus, etc...

Les gens sont obsédés par leurs chats, leurs chiens
. TROP c’est TROP !
Sept chats chez mes voisins de droite.
Sept chats chez le couple du haut de la rue, ceux qui n’ont pas pu avoir d’enfants. Maintenant,
ils sont trop vieux pour continuer d’espérer en avoir un jour.
Quatorze chats chez le vieux garçon du bas de la rue qui a quitté sa ferme pour venir en retraite au bourg.

Chat - Photo Coralie Fehlen

En moyenne, à vue de nez, un ou deux chats dans chaque maison du bourg, sans parler des chiens (famille des canidés).

Moi, je dis qu'il y a de plus en plus de gens névrosés qui
sont atteints de «
CANINOSE » chronique ou aigue!

Qu'est-ce qu'on pourrait inventer comme mot pour baptiser
la passion obsessionnelle des chats ?
Je ne sais pas… je donne ma langue au chat ! Regarde dans
le dictionnaire.

« CHAT : Petit mammifère carnassier généralement domestique et de mœurs surtout nocturnes (famille des félidés) »
— « FÉLIDÉ - félidé ou félin n. M. (lat. felis, chat). Mammifère carnivore digitigrade à griffes rétractiles et à molaires coupantes et peu nombreuses. (Les félidés forment une famille comprenant le chat, le lion, le serval - espèce de grand chat propre à l’Afrique - , etc…) (Ordre des carnassiers)

— On pourrait dire «
FÉLINOSE ». Moi, je dis que les gens sont fêlés, atteints de « FÉLINOSE ».
 
CANINOSE et FÉLINOSE

Voilà ! Deux nouvelles maladies.

La maladie de la misère humaine, la maladie de la solitude
et du besoin de DOMINER un animal à défaut de pouvoir dominer les autres ou se dominer soi-même.

Se sentir propriétaire, se sentir le MAÎTRE d'un animal à défaut d'être MAÎTRE de SOI, maître MAÎTRE de sa vie !

Se sentir supérieurà un animal "sans parole" pour occulter ses complexes d'infériorité peut-être ?

Pour occulter ses difficultés de communication, son manque d'évolution spirituelle ?

Osons... oui, oui...osons le dire, osons appeler un chat un chat ! Et l'AMOUR dans tout ça ?
Pour ces fanatiques, victimes d'une mode ou de leur comportement de dépendance, l'amour d'un animal est souvent considéré comme supérieur à l'AMOUR humain.
De là à tomber dans la ZOOPHILIE !!! Grave de chez grave...
 
Jamais deux sans trois ! Je pense à Gilbert, le garagiste Renault du bourg... Il va penser que
je suis une abrutie. Je n’arrête pas d’esquinter ma jolie voiture presque neuve en percutant tantôt
un blaireau, tantôt un oiseau, tantôt un chat.
Chevreuil
À quand le chevreuil
ou le sanglier ???

Je suis, à mon corps défendant, l’instrument
du destin de trois bêtes suicidaires.

Merde
! J’y crois pas !
Je crie, je tempête,
c’est la série noire
Je me calme.
..
Sanglier
 
Bof ! Ce n’est rien, c’est la vie … la vie c’est la mort, la mort c’est la vie ; la vie est contenue dans la mort, la mort est contenue dans la vie ; tout est contenu dans le tout. Il faut bien être philosophe. Ça aide ! Ce qui m’embête dans cette histoire, c’est la perspective de la « douloureuse » du garagiste. Mais comme il n’y a pas mort d’homme, ce n’est pas si grave, ce n’est rien !
En tout cas, ça vaut mieux qu’une jambe cassée ! Il faut savoir relativiser.


Mais ça m’ennuie, tout de même. À moi de payer les frais. Pourquoi est-ce à moi de faire les frais
de cette bestiale succession d’actes d’autodestruction ? J’ai vraiment d’autres chats
à fouetter que d’assumer ce genre de problèmes. Je ne leur ai rien demandé, moi, à ces bestioles ! Z’avaient qu’à se garer !
 
Psychologue animalier

— Ça existe vraiment les psychologues pour animaux ?

— Oui, oui, il paraît. Ça doit coûter ! Un luxe stupide, du snobisme, de la connerie

— Et la facture du garagiste, c’est pour ma pomme !

Pour le reste, ce n’est pas si grave, ce n’est rien, ce n’était que des bêtes.

Mais, au fait, ça veut dire quoi cette série noire ?
Jamais de la vie je n’ai tué trois bêtes l’une après l’autre, au cours d’une même semaine.
C’est curieux tout de même. Quelle coïncidence ! Ça veut dire quoi exactement monsieur
le psychologue ?

D’ailleurs, y-a-t-il nécessairement quelque chose à comprendre, quelque leçon à en retirer, quelque signe à interpréter ? Rien à faire, je suis incapable de m’empêcher de chercher à comprendre
la signification des événements qui m’interpellent en raison d’une présumée incontestable bizarrerie. Bizarre… vous avez dit bizarre ? Oui, là, pour être bizarre, je considère que c’est vraiment bizarre

 
Mais, après tout, il n’est pas pire, pour un conducteur, de TUER involontairement avec un véhicule automobile des animaux inconscients des dangers de la route que, pour un chasseur,
de TUER volontairement avec une CARABINE.
C’EST LA LOI DU PRÉDATEUR !

Voilà ! J’arrête de culpabiliser, de me torturer l’esprit avec
cette mésaventure. Il ne faudrait pas que ça m’empêche de dormir.
Ce n’est rien. Ce n’était que des bêtes.

Quant à l’argent qu’il me faudra débourser pour payer
le garagiste, comme on dit « plaie d’argent n’est pas mortelle » ! Ce n’est rien, l’argent n’est rien. On est né sans argent dans
les poches et sans poches d’ailleurs. On MEURT sans emporter
un centime dans l’au-delà.
CE N'EST RIEN...
Chasseur, bain de sang
 
 
 
© Silviane Le Menn
 
 
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Dernière mise à jour lundi 29.01.2018 11:36
 
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