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L'ART CONTEMPORAIN
EST NÉ À PONT-AVEN
EN PAYS CELTE, FIN 19ème
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Un
des peintres responsables de ce miracle, Maurice Denis écrit alors : « C’est dans la boutique du père Tanguy, marchand de couleur,
rue Clauzel et de l’auberge Gloanec à Pont-Aven qu’est sortie la grande
bourrasque qui, en 1890, renouvelle l’art français. A Pont-Aven, Gauguin
réunissait quelques disciples dès 1886 »…
C’étaient des peintres las de la sclérose des ateliers parisiens tels
Cormon et Julian, professeurs aux Beaux-Arts, où se perpétuait la peinture
conventionnelle, seule admise sur les cimaises du salon officiel annuel…
Les Émile Bernard, Van Gogh, Anquetin, Toulouse-Lautrec, Bonnard, Ranson,
Maurice Denis, Sérusier et bien d’autres encore venant les rejoindre. |
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Leurs
expériences, inspirées des sites bretons et de la très vieille culture
celtique, eurent une influence considérable sur les jeunes peintres en
France, en Allemagne et jusqu’au bout de l’Europe, en Russie, en Finlande
et autres pays du Nord.
Une
ouverture qui permit d’accéder à la compréhension d’un Cézanne et de tous
les mouvements qui s’ensuivirent… Ils étaient héritiers de leurs aînés qui, plus timidement, avaient aussi
déserté les ateliers parisiens pour se ressourcer en pleine nature, en
forêt de Fontainebleau où s’était constituée l’école de Barbizon autour
du culte de la nature peinte sur le motif. Cette expérience-là avait été
prolongée par la découverte de la couleur pure issue de la décomposition
de la lumière et utilisée par petites touches juxtaposées par les impressionnistes.
Ces jeunes peintres fuyaient l’éclairage statique de l’atelier, l’ombre
opaque de la peinture au bitume pour planter leur chevalet au cœur des
vertes prairies vibrant d’une lumière changeant d’heure en heure. Il fallait
saisir ces moments fugitifs où les formes mouvantes naissaient et s’évanouissaient
dans un scintillement exaltant.
Les
ciels de Bretagne où les nuages, souvent d’un blanc éclatant, en perpétuel
conflit avec les vents des deux mers, courant sur fond d’un bleu intense,
leur offraient de véritables happenings lumineux… pluie et soleil parfois
simultanés, éclairages insolites. Une atmosphère imprévisible enveloppe
les paisibles paysages d’inquiétantes lueurs, parfois dramatiques, réveillant
d’antiques légendes pleines de mystère.
Cette
vie intense rend le ciel de Bretagne plus grand qu’ailleurs. Peut-être
est-ce en raison de cela que les peintres, séduits par Pont-Aven, voulurent
transcender les apparences, aller plus loin que les impressionnistes. |
Pour
eux, l’exaltation des sens doit être soutenue par un message à transmettre…
surtout ne pas dissocier le corps et l’esprit : au regard, il fallait
associer l’âme. Ainsi naquit le « synthétisme », dépassant
la manière analytique des impressionnistes.
Pour ce faire Gauguin, tout comme Émile Bernard, mais plus hardiment,
se met à travailler en grands à-plats de couleur pure, cernant des formes
simplifiées au maximum, d’où tout ce qui n’est pas indispensable à l’expression
est exclu. Le dessin devient une abstraction, sans modelé ni perspective.
On y retrouve l’influence des dessins japonais dont les peintres de l’époque
subissent la fascination. |
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Tandis
que s’élabore à Pont-Aven une conception révolutionnaire de la peinture,
Paris continue à décevoir les jeunes peintres en révolte contre leurs
maîtres encore enlisés dans la peinture officielle traditionnelle. C’est
alors que l’un d’eux, Paul Sérusier, de l’atelier Julian, vient voir Gauguin.
Il peint sous sa direction, émerveillé par cette nouvelle voie ;
il retourne chez Julian avec une peinture copiée à la manière du maître
du synthétisme et y suscite l’enthousiasme. Les peintres parisiens de
cet atelier s’associent à Sérusier pour fonder le groupe des nabis, issu
du synthétisme de Gauguin.
Les
prophètes comme on les appelle (nabi : prophète en hébreu) se laissent
pousser la barbe et veulent convertir tout l’environnement à leur nouvelle
façon de voir… influencer tout ce qui ressort de l’imprimerie imagée :
affiches, illustration et aussi le décor de théâtre. Ils s’ouvrent au
mouvement littéraire du symbolisme, bref au milieu urbain. Ils s’intellectualisent
et se tournent vers une expression de la personnalité qui prend le pas
sur l’observation.
Tandis
que Sérusier retourne se fixer en Bretagne, rejoint Gauguin au Pouldu
que ce dernier, fuyant la célébrité de Pont-Avec devenu haut lieu du tourisme,
a investi dans une solitude d’homme sauvage avant de quitter une terre
désormais trop civilisée pour lui et de partir définitivement dans les
îles du Pacifique.
Sérusier, lui, profondément
marqué par le mysticisme breton, finira ses jours en Finistère et dira : « Je suis né en Bretagne ».
Naturellement ces
peintres marginaux par rapport à la ligne officielle seront refusés au
Salon et créeront le leur : celui des Indépendants qui existe encore. |
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Regrettons de ne pas trouver, au musée de Pont-Aven, trace de l’importance
de l’époque, la plupart des chefs-d’œuvre se trouvant aux USA, les plus
grands bénéficiaires de l’aventure bretonne.
Pas même un des somptueux
tableaux de Gauguin peints en Bretagne…
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Car on pourrait dire que tout
part du Christ en bois du 17ème siècle, occupant l’église de
Nizon au Nord de Pont-Aven, ayant inspiré Gauguin pour sa peinture « Le
Christ Jaune ». Peinture vedette de la présentation des peintures
des groupes synthétiste et nabi à l’Exposition Universelle de 1889 à Paris…
très admirée par les peintres, brocardée par le public habitué à la peinture
document. |
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(Extraits
d’un texte inédit « Du terroir aux étoiles ») |
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Dernière
mise à jour
lundi 29.01.2018 11:20
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