Somalie tombe en poussière
les eaux ont déserté les lits
et l’enfant noir se meurt
dans son nid de misère
sans un arbre et sans fleur
De bric et de broc
vastes camps desséchés
agonies sous plastique
victime du soleil brûlant
l’africain triste se meurt
affamé, assoiffé
loin du bétail survivant
mornes zébus décharnés
Dans les bras de sa mère
l’enfant noir me regarde
telle une âme qui se noie
en solitude extrême
assiégé par les mouches
aux portes de la mort
Rien de bon, rien de beau
terre à perte de vue
terre à perte de vie
si loin de ma Bretagne humide
et ses élevages porcins
si loin de cette France
où mille poubelles vomissent
aliments à peine périmés
À grand-peine, je regarde
jeter le pain, jeter les invendus
tandis que nos vaches laitières
nous inondent de desserts lactés
trop bons et trop sucrés
et que le nombre incalculable
des gros gourmands grossit
remplissant à ras bord
en trop-plein qui déborde
nos bennes à ordures
De bric et de broc
des africains se meurent
sur des terres stériles
loin de nos eaux courantes
aux brillants robinets
loin des hommes avides
prédateurs inconscients
dont le nombril ballonné
porte en lui la puanteur
de ses riches excès
Somalie maigre terre
loin de nos gaspillages
de nos hypermarchés
loin des chers restaurants
loin de tout
loin de nous
tes bambins souffrent et pleurent
à demi-morts de faim
Où pourraient-ils encor fuir
au dos de mamans dénutries
au-delà des guerres
au-delà des frontières
au-delà des mers
sans rien, sans rien
sans espoir et bientôt sans vie
----------------------© Silviane Le Menn
----------------------Quimper, le 28 juillet 2011 |