|
Dans
les starting-blocks dès la fin juin, les candidats se
bousculent au portillon de la rentrée. Ils sont 600
en moyenne, en piste pour les devantures des libraires,
les listes de meilleures ventes et "last but not
least", la course aux prix.
Six
cents et quelques parmi lesquels des romans très attendus,
des romans qui décevront (forcément), des romans qui
créeront la surprise, des romans forts et des romans
qu’il n’aurait pas fallu publier (ni écrire ?),
des romans à scandale, des romans timides dont la toute
petite voix aura du mal à percer le fracas assourdissant
des concurrents, des romans « dont on ne sortira
pas indemnes » nous promettra la critique, des
romans de poids (le plus lourd annonce 1.400 pages)
et des romans de plumes (les meilleures, assurément,
pour qui ne pas « sortir » en septembre équivaut
à ne pas sortir du tout).
De
tous ces romans-là, français, étrangers, combien surnageront ?
Combien arriveront sans encombre vers les lecteurs ?
Combien trouveront leur public ? Combien se distingueront
dans les piles des critiques littéraires, des membres
du jury ?
En
France, et c’est unique, pas de rentrée sans romans,
sans supputations, sans ébullition, sans stars et sans
laissés-pour-compte.
C’est trop ? Sans doute. Mais
c’est aussi
la preuve que le livre est bien vivant, que
la littérature n’a pas été tuée par l’image. |