Au détour d'une journée
soudain
voici que le sage se retrouve
loin de ceux qu'il aimait
parce que les pensées ont défilé
plus vite encore que les images
Mais les images défilent en ordre
pour celui qui sait ce qu'il voit
qui voit ce qu'il sait
Qu'importe la misère de la fleur
le malaise grandissant
de la fleur qui fâne
parce qu'elle a fini son temps
puisque les mondes sont pleins de boutons
qui fleuriront en temps et en heure
Mais qu'est-ce que l'heure
sinon le défilé du temps ?
Un génie perce la neige
pure, blanche et froide
immortelle aux plus hauts sommets
Là le sage voit le monde
qui se perd d'heure en heure
qui se perd dans les heures
qui se perd dans le temps
qui perd son temps
enveloppé autour de lui
la lumière des soleils et des vies
pour qui ne comptent
ni le temps, ni l'heure
Que de petits regards
lancés au grand soleil
avec de petits yeux tout rétrécis
par les petites heures
de ceux qui ne voient qu'une vie
qu'une chose à la fois
Mais qu'est-ce que le temps d'une vie
alors que les mondes sont si infinis
que leur nombre ne peut se donner
Seuls les yeux petits
de l'homme nain
qui ne voit pas qu'il grandit
de jour en jour, de vie en vie
croient que l'heure a tant d'importance
Est-ce que le soleil qui s'ébouriffe
a la notion rétrécie du temps ?
Son esprit est si fort et si grand
que pareil au lion symbolique
il ne se limite et ne se retient
il brille haut, splendide, démesuré
sans s'occuper de la nuit
sans s'occuper de l'heure
éblouissant toujours
en dehors de tout temps
illimité dans la perfection des mondes
C'est ainsi que le sage se réveille
au matin d'une aube nouvelle
au centre du pays éternel
loin de ceux qu'il aimait
parce que son temps a défilé
plus vite que leurs heures |