Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Député Léonetti,
J’ai regardé les vidéos enregistrées à l’Assemblée Nationale lors de l’audition
de M. et Mme Paul PIERRA qui parlent exclusivement du cas de leur fils Hervé.
(Marie de Hennezel était très proche de François MITTERRAND qui aurait été euthanasié dans
la plus grande discrétion, comme ses 3 enfants le laissent entendre.)
Il m’a semblé qu’il n’y était question que de cas de malades hospitalisés et « branchés », pourtant, il existe des malades incurables à leur DOMICILE !
Chantal SEBIRE et ma fille Coralie FEHLEN étaient en fin de vie, chez elles, soignées autant que faire se peut, elles n’étaient pas « branchées », elles étaient abandonnées - par la force
des choses - par les services hospitaliers.
En toute lucidité, elles ont demandé qu’on les aide à mourir proprement et en douceur !
Très sensibilisée par le rejet de la demande d’euthanasie et, pire, l’autopsie de Chantal Sébire,
j’ai rejoint l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) parce que, comme Chantal, Coralie n’a pas eu la « chance » ( !) de quitter ce bas-monde en douceur.
Coralie n’est pas morte dans la dignité car le médecin et l'infirmière qui avaient pris le risque d’accepter de l’aider illégalement à mourir n’étaient malheureusement pas en possession des bons produits, pourtant à disposition des vétérinaires !
Le médecin a d’abord donné à Coralie, une forte dose de psychotropes (?) mais cela n’a pas fonctionné. Le médecin a donc dû faire une ou plusieurs piqûres (?) de morphine dans la veine ou l’artère du cou. Cela n’a pas fonctionné, Coralie a râlé et agonisé de longues heures, si bien que le médecin a dû finir par l’étrangler de ses propres main, le sang a giclé partout, même sur
les murs : c’est inhumain !
Si vous aviez entendu Coralie murmurer, au milieu de la nuit :
– Je vous entends !... C’est dur de mourir, j’essaye mais je n’y arrive pas !
En découvrant à la télévision, début mars 2008, le visage défiguré et douloureux de
Chantal SEBIRE, le souvenir traumatisant du visage de Coralie — atteinte à 18 ans, d’un ostéosarcome maxillo-facial rare et incurable qui a évolué durant 2 ans ½ — a été vivement réactivé dans ma mémoire de maman et des personnes qui l’ont aimée ou rencontrée.
J’ai alors exprimé ma volonté de témoigner publiquement au sujet de l’euthanasie « ratée »
dont ma fille unique CORALIE FEHLEN est décédée en 1993, à l’âge de 20 ans (soit 14 ans ½
de secret bien lourd à porter !) et après avoir publié 18 commentaires explicites sur le site Internet de FRANCE SOIR, j’ai créé un « Dossier euthanasie » sur mon propre site www.abadennou.fr.
Pour les personnes compatissantes qui ont le cœur bien accroché, pour les thérapeutes, les étudiants en médecine, les politiques, les religieux, etc…voir l'album photos de Coralie avant
son décès et après l’euthanasie, sur son lit de mort.
Sur les photos agrandies, on peut voir clairement les marques de strangulation !
Au nom de Coralie, de Chantal et de tous les malheureux malades en fin de vie qui veulent mourir chez eux, en PAIX, entourés de l’amour des proches, je vous demande solennellement, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Député, de compléter votre texte de Loi dans le sens de la liberté de choix pour chaque français au nom de la liberté individuelle et de la liberté d’opinion, au nom des Droits de l’Homme.
J’ose espérer que vous jugerez recevables les propositions de loi présentées par l’Association
de Marie Humbert et l’ADMD.
Malheureusement, le terme « euthanasie » a gardé une sinistre connotation à cause du prédateur fou Hitler et des assassins nazis qui, pour camoufler leurs actes criminels et se justifier, parlaient de « mesures euthanasiques » !
Le pape Benoît XVI a mis en garde contre une « culture de la mort » mettant en danger la vie des plus âgés ! L'argument religieux de la sacralité de la Vie, avancé par les croyants, est l'idée que « Dieu » seul est Maître de la Vie et de la Mort.
Tous les français et leurs législateurs sont-ils obligés d’adhérer à cette affirmation ??? Comment les politiques, les élus d’un pays laïque, les scientifiques, au 21ème siècle peuvent-ils continuer d’obéir à ces injonctions ? En vertu de quel DOGME Coralie, Chantal et les autres avaient-elle l’obligation de continuer de souffrir le martyre « ad vitam aeternam » ?
Qui sait ce que l’avenir réserve à chacun de nous, qui sait ce que nous réserve notre fin de vie ?
Avec mes remerciements pour l’attention que vous voudrez bien porter à ma lettre, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Député,
à l’expression de mes meilleurs sentiments.
SILVIANE LE MENN
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P.S. :
Je précise que Coralie est "partie" le 9 septembre 1993. Dès le mois de juillet (où elle était quasi mourante), j'avais abordé avec elle les questions fondamentales : son décès, le suicide assisté,
ses obsèques, etc... Nous avons eu des échanges très approfondis. En septembre, c'est donc
elle-même qui a demandé de "partir" et le médecin appelé à son chevet a parlé avec elle, la veille
et le jour même, durant des heures...
Quand la décision a été prise de façon claire, Coralie a téléphoné aux membres de sa famille et à ses amis pour dire "Au-revoir, je vous aime, demain je ne serai plus là" ! Ensuite, l’infirmière
et moi avons procédé calmement à sa toilette et Coralie a demandé que l'on prenne des photos artistiques de ses jambes, pieds et main, son visage étant trop gravement atteint et devenu monstrueux.
Coralie était devenue aveugle mais elle organisé sa propre mise en scène pour ses dernières photos que l'on peut voir sur sa page web In memoriam. Enfin, elle a demandé de "partir" en musique. Tout cela a duré une après-midi et une nuit entière.
Coralie nous a parlé, elle a été consciente et lucide jusqu'à ce qu’elle agonise !
Coralie répétait : - Attendre ? Attendre quoi ?
Elle ne voulait plus "attendre"... attendre.. souffrir physiquement et psychiquement, chaque jour, chaque nuit (malgré les médicaments)... attendre... souffrir... faire souffrir... pleurer... attendre que
la mort vienne ? ... seule et unique perspective !!!
Dans certaines pathologies, malgré l'espoir, la volonté, les soins, les hôpitaux, les médecines douces, les miracles n'existent pas ! Les scientifiques, les médecins le savent bien et en souffrent aussi. Alors qui peut juger ?
Qui peut décider arbitrairement du droit fondamental de chaque être humain dans ses choix de vie et de mort, son libre choix de mourir dans la dignité ? C’est une question de conscience, c’est personnel ! Ce n’est pas aux médecins, au Tribunal et à la famille de décider, c’est le malade qui a le droit de décider lorsqu’il est lucide !
Mais il faut une loi pour dépénaliser.
Les « gens » ont la critique facile et jugent négativement de manière trop expéditive : il faut avoir vécu un tel drame pour comprendre… et avant de refuser une loi HUMANISTE, il faut prendre connaissance de tous les paramètres, des divers cas en tentant de se mettre sur la même longueur d'ondes de conscience et d'expérience que ceux qui demandent la légalisation de l'euthanasie, tels les adhérents de l’ ADMD chaque jour plus nombreux. |